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Dans cet entretien, le Président de la société ivoirienne d’imagerie médicale (SIIM), également Chef de service radiologie Adjoint au CHU de Treichville, Pr DIABATE Aboubacar Sidiki évoque les missions de la société savante dont il a en charge(SIIM) et dresse le bilan de ses activités. Il donne aussi les objectifs et les grandes lignes du prochain congrès et lance un appel aux populations et au Gouvernement.
Bonjour Professeur.
Quelles sont les missions de la Société Ivoirienne d’Imagerie Médicale (SIIM)?
La Société Ivoirienne d’Imagerie Médicale (SIIM) a été créée par notre Maître, feu Pr DJEDJE, il y a une trentaine d’années. C’est une société savante qui a pour but d’assurer la formation continue des radiologues (Médecins spécialisés en imagerie médicale). Sa principale mission est d’assurer la formation continue des radiologues dans différents domaines ( l’ échographie, l’Imagerie par Résonnance Médicale (IRM), le scanner, la radiographie, etc). Le rôle de la SIIM est de maintenir le niveau de connaissance des radiologues ivoiriens au niveau des standards les plus élevés au monde.
Quel bilan (de vos activités) à mi-parcours pouvez-vous dresser depuis que vous avez pris les rênes de cette société savante, la SIIM ?
En 2022, nos activités se sont déroulées en trois (3) phases. Tous les troisièmes vendredis de chaque mois, nous organisons les Enseignements post-universitaires (EPU). Et ces EPU ont pour thème général, « L’oncologie (cancérologie) ». Nous avons analysé l’imagerie en oncologie ; l’apport des techniques d’imagerie dans l’oncologie sur toutes les différentes spécialités du corps humain, à savoir, la neurologie, les seins, la prostate, l’appareil digestif, la pédiatrie, l’oncologie thoracique, l’appareil musculosquelettique, etc. Le cancer peut toucher tous les organes du corps humain. Il appartient donc aux radiologues d’être en mesure de faire le dépistage de ces cancers le plus tôt possible pour permettre aux malades d’avoir toutes les chances de guérison.
Le deuxième volet de nos activités a concerné l’organisation des ateliers, qui consistent à assurer une formation pratique des radiologues dans les différents domaines ( l’échographie, les micro-biopsies, l’échographie doplaire, le scanner…).
Le troisième volet va concerner le congrès de la SIIM qui se déroulera les 23 et 24 septembre prochains.
C’est un congrès qui réunira tous les radiologues de Côte d’Ivoire et même certains de nos collègues de l’étranger et portera sur l’imagerie musculosquelettique. Nous nous préparons à ce que nos collègues soient en mesure, pendant la CAN 2024, de prendre en charge les athlètes.
Êtes-vous satisfait du bilan à mi-parcours que vous venez de présenter ?
Nous sommes satisfait du bilan parce que nous nous rendons compte que nos collègues partagent notre vision, celle du partage de savoir, de connaissances.
Quel est l’intérêt pour les spécialistes de la médecine (radiologues, oncologues, néphrologues, pédiatres, pneumologues, etc) et étudiants en médecine, à suivre ces ateliers de formation ?
L’intérêt, pour eux, c’est de maintenir leur niveau de connaissance. Car, les connaissances qui ne se renouvellent pas s’étiolent. Et ensuite, la science va à une vitesse folle. Donc, nous devons rattraper ce train-là pour ne pas être déphasés; parce que nos malades, aujourd’hui, avec Internet, sont au même niveau que tous les malades de la planète et ils ont l’exigence d’avoir des soins de santé normaux.
Est-ce que vous assurez également la formation des radiologues sur la maîtrise de l’outil informatique et de nouveaux logiciels ?
Bien sûr ! Notre discipline est fortement liée à l’informatique. Et nous assurons à la formation des radiologues à la maîtrise de tous les logiciels. Cela fait partie des ateliers que nous organisons.
Dites-nous, quelles sont les réelles difficultés que rencontrent les médecins radiologues aujourd’hui en Côte d’Ivoire, aussi bien dans la prise en charge ou le traitement des cancers que dans l’exercice de leur fonction ?
La première difficulté, c’est le problème d’accès aux équipements. Le premier challenge, c’est d’accéder à des équipements qui sont du même niveau que ceux des meilleurs hôpitaux au monde.
Ensuite, il faut que ces équipements fonctionnent pendant longtemps. En outre, il faut que les populations aient les moyens financiers de payer les examens et que le radiologue ait également les moyens de payer sa propre formation continue.
Combien de radiologues y a-t-il aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire national ?
Nous sommes, à peu près, 300 radiologues aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Les statistiques visent 3 000 radiologues en Côte d’Ivoire. Donc, on est encore loin des objectifs visés.
Quels sont les objectifs et les enjeux du prochain congrès de la SIIM ?
Le prochain congrès va porter sur l’imagerie musculosquelettique ( l’imagerie du traumatisme, des muscles et du squelette), avec un grand focus sur l’imagerie sportive.
L’objectif est de préparer nos collègues à être capables de prendre en charge les athlètes et toute la population pendant la prochaine CAN en Côte d’Ivoire. On s’attend à 200 participants (les radiologues, traumatologues, rhumatologues et tous les médecins, en général).
Quelles sont les grandes articulations de ce 12è congrès ?
Il y aura des ateliers qui vont porter sur la formation pratique des radiologues en échographie et une quarantaine de communications orales.
Quel message pouvez-vous laisser au grand public (populations), aux médecins radiologues ainsi qu’à votre Ministère de tutelle ?
L’imagerie médicale est aujourd’hui au cœur de l’activité médicale. L’activité médicale moderne, c’est d’abord le diagnostic et ce diagnostic est porté par l’imagerie médicale. Cette capacité de l’imagerie médicale à faire le diagnostic passe par un important investissement des pouvoirs publics dans les équipements. Mais également par la formation des hommes ; parce que sans les hommes, ces équipements ne peuvent pas fonctionner au mieux.
Ensuite, il appartient à la population de comprendre la nécessité de s’acquitter des coûts liés à la mise en œuvre de ces équipements. C’est à ce prix-là que d’éventuelles pathologies pourraient être diagnostiquées à une phase initiale et que la population pourra avoir routes les chances de guérison. Que les populations fassent vraiment un effort de s’acquitter des prescriptions de l’imagerie même si elles peuvent leur sembler chères. C’est à ce prix qu’elles seront mieux prises en charge et le plus efficacement possible. Je félicite le gouvernement pour l’effort important qu’il fait. Qu’il fasse davantage ces efforts et qu’il aille surtout dans le sens de la formation des radiologues.
Réalisée par Sunday ALAIN