La mortalité maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et des jeunes constitue une préoccupation majeure pour le gouvernement ivoirien. Cette situation est imputable entre autres à une inégale répartition du personnel de santé qualifié surtout dans les zones rurales difficiles d’accès. Cela prive une partie importante de la population à l’accès aux services de santé de base et entrave la progression vers l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Dans le but d’assurer ainsi l’offre des soins et des services de santé de base à toutes les populations, le Ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle à travers le Programme National de Santé de la Mère et de l’Enfant( PNSME) a identifié la stratégie de délégation des tâches en santé de la reproduction et de la planification familiale.
Cette stratégie vise un accès plus large des populations aux structures de santé, l’efficacité des prestations des services de santé et l’amélioration des indicateurs sanitaires.
Le Ministre en charge de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Pierre N’Gou Dimba a procédé, ce jeudi 05 août à Abidjan-Plateau, au lancement officiel de cette politique nationale d’opérationnalisation de la délégation des tâches en Côte d’Ivoire.
Aux dires du ministre Pierre N’Gou Dimba, les efforts en matière de réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile ont été « constants et soutenus, des investissements massifs ont été faits et sont en cours pour renforcer la disponibilité et la fonctionnalité des blocs opératoires, nécessaires pour interrompre vraiment la montée de la mortalité mais également doter les établissements sanitaires en équipements et matériels nécessaires à la prise en charge des complications infantiles et néonatales ». Ce, dit-il, grâce à l’engagement politique de haut niveau impulsé par le Président de la République Alassane Ouattara et aux organisations de la société civile et de la coopération internationale.
Malgré tous ces efforts, poursuit-il, force est de constater « qu’il persiste un accès limité des populations aux interventions essentielles en santé maternelle et infantile surtout dans les zones rurales inaccessibles à cause de la pénurie des ressources humaines ».
Pierre N’Gou Dimba a également indiqué que l’accès sera mis sur le transfert des compétences en chirurgie essentielle et aux médecins généralistes pour la prise en charge de la chirurgie, de la césarienne, etc.
Il a, pour cela, annoncé la formation de 30 médecins par an dans les pôles d’excellence.
Avant d’inviter les acteurs impliqués, à l’objectivité et exhorter les partenaires à accompagner la réalisation efficiente de cette politique.
Selon le Représentant résident de l’UNFPA( Fonds des Nations Unies pour la Population), Dr Bilé Kouamé, le taux de mortalité en Côte d’Ivoire est estimé à 614 décès pour 100.000 naissances vivantes (EDS 2012), la mortalité néonatale se situe à 33 pour 1000 naissances vivantes en 2016(MICS-2016).
Pour lui, cette situation est principalement due à la faible utilisation des services de soins prénataux ( 51,3% MICS 2016), à l’accès restreint à des services de qualité, un fort taux de besoin non satisfait en matière de planification familiale, 30,5%( MICS-2016), à un indice de fécondité élevé notamment chez les femmes (63%), la faible capacité des femmes à avoir le dernier mot pour les décisions concernant leur santé (10%), la persistance des pratiques traditionnelles néfastes (MGF, 36,7%, mariage d’enfants, 32,1% (MICS 2016).
<< (…) Dans l’élan mondial pour réduire le taux des décès maternels et néonatals, l’UNFPA continuera d’appuyer le Ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle dans la mise en œuvre des stratégies de la délégation des tâches pour une Côte d’Ivoire avec zéro décès maternel et néonatal évitable, zéro besoin satisfait en planification familiale, zéro violence basée sur le genre en particulier les mutilations génitales féminines, les mariages précoces>> a rassuré Dr Bilé Kouamé.
Le Directeur Coordonnateur du PNSME, Dr Tano Gnou a, pour sa part, fait une présentation sur la délégation des tâches.
Il convient d’indiquer que l’opérationnalisation de cette politique nationale de délégation des tâches en Côte d’Ivoire va impliquer toutes les parties prenantes ( décideurs politiques, personnel de santé, société savante, les organisations de la société civile…).
S.A.