1 Pierre Djibril Coulibaly est le président de la Fédération des Inventeurs et innovateurs de Côte d’Ivoire (FEDINCI). Dans cette interview, il nous parle entre autres de la 4ème édition du salon Abidjan Innova, mais aussi de la valorisation des inventions.
-M. le président vous êtes une personnalité de premier plan dans le domaine des inventions et des innovations. A quelques semaines de la 4ème édition du salon international des inventions et des innovations d’Abidjan, faites- nous l’état des lieux de ce secteur.
Je suis Pierre Djibril Coulibaly, président de la Fedinci et président du salon Abidjan Innova. Ensemble avec d’autres, nous avons depuis quelques années réussi à donner à la Côte d’Ivoire l’image d’un pays où l’invention, l’innovation et la recherche font partie du quotidien. Bien sûr il a fallu du chemin. Il y a une dizaine d’années, l’invention et l’innovation étaient un objet de curiosité en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, c’est devenu une exigence de la part des populations. Ce qui augure d’un développement durable avec les moyens technologiques et économiques endogènes. Je suis donc un homme heureux, puisque je suis l’un des plus importants sachant dans le processus de transformation de notre pays. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte plus de 300 brevets d’invention, des centaines d’innovations, et de résultats de recherche, plusieurs dizaines d’acteurs qui travaillent à transformer cette grande richesse intellectuelle en avantage économique, stratégique, technologique et social.
- Vous êtes ingénieur informaticien et vous avez glané plusieurs prix à l’international avec le logiciel de gestion universel Nexpro UBS. Parlez nous un peu de votre parcours.
- Je suis ingénieur informaticien de formation. J’ai exercé en tant que tel pendant plus de 20 ans dans trois des plus grandes entreprises du pays que sont EECI, la SODECI et la SIR. A la Sir par exemple, j’ai été pendant plusieurs années chef des études informatiques. Après cela, j’ai crée la Nouvelle expertise Africaine de Technologie (NEXAT), qui évolue dans le domaine de l’informatique dont je suis le Directeur Général. Dans le cadre de nos prestations au niveau de Nexat, nous avons fait de l’innovation qui nous a permis d’inventer une méthodologie de conception de logiciel réputé universel. Ce qui a donné pour application Nexpro Ubs, le premier logiciel de gestion universel. Ce qui nous a permis d’aller défendre l’image de la Côte d’Ivoire deux fois en Suisse et en Belgique, en Turquie et plusieurs fois en Afrique. Nous sommes auréolés d’une bonne dizaine de distinction à travers le monde, mais aussi en Côte d’Ivoire où nous avons obtenu entre autres le prix Alassane Ouattara du jeune inventeur. J’ai été aussi membre du jury du salon Bruxelles Innova en Belgique. C’est fort de toutes ces expériences qu’avec d’autres camarades inventeurs, nous nous sommes constitués en fédération, pour servir d’interlocuteur auprès de l’Etat de Côte d’Ivoire et de tous ceux qui veulent participer au développement du pays par la valorisation des inventions.
- Vous êtes entrain de terminer votre 2ème mandat en tant que président de la Faites- nous un bilan de vos actions.
- Je suis membre fondateur de la FEDINCI. J’ai été dès le départ 1er vice président pendant un mandat. Après lequel j’ai été élu président de la fédération des inventeurs et innovateurs de Côte d’Ivoire en 2016. En termes de bilan je peux citer l’existence d’un siège pour les inventeurs, innovateurs et chercheurs, des activités tout au long de chaque année, dont trois grands événements internationaux : La journée Mondiale de la propriété intellectuelle, la Journée Africaine de la Technologie et de la propriété intellectuelle, et la journée internationale de la Femme Africaine, au cours de laquelle nous célébrons les femmes inventeurs. Nous avons institué chaque fin du mois de décembre la journée de l’inventeur au cours de laquelle nous organisons un diner gala. En plus de cela nous avons édité un catalogue des inventions en Côte d’Ivoire et depuis 4 ans nous avons le salon international des inventions d’Abidjan (Abidjan Innova), que nous avons repiqué à travers le Salon Bruxelles Innova en Belgique. Nous avons également contribué à la lutte contre la pandémie de la covid19.Nous sommes entrain de créer avec d’autres partenaires l’Agence de gestion des inventions (AGINOV), qui sera la cheville ouvrière de la valorisation des inventions et innovations en Côte d’Ivoire. Cela va ainsi créer un nouveau secteur économique, grand contributeur à la richesse du pays par des moyens pérennes. Nous avons également une oreille attentive auprès des autorités politiques, qui ont chacun selon ses moyens crée de nombreux prix décernés chaque année pour encourager les inventeurs et innovateurs de Côte d’Ivoire lors du salon Abidjan Innova. Nous espérons, parce que nous l’avons demandé, que bientôt il y aura un ministère chargé l’invention et de l’innovation technologique en Côte d’Ivoire. Ce sera un excellent point d’entrée de l’Etat de Côte d’Ivoire dans cette nouvelle économie.
-On a l’impression que la Côte d’Ivoire n’est pas citée parmi les grands pays d’invention. Pourquoi ?
- C’est tout le contraire. Quant on veut avoir une information aujourd’hui, on va sur google ou wikipedia, et l’on se rend compte que la Côte d’Ivoire est présente dans le domaine de l’invention. Le salon Abidjan innova est l’un des plus grands salons organisés en Afrique, consacré à l’invention et à l’innovation. Tout récemment en 2019, la Côte d’Ivoire a fait un grand bon dans le classement mondial publié par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), en occupant la 103 ème place au rang mondial et en intégrant le top 10 des pays Africains en la matière. Oui la Côte d’Ivoire est un pays d’invention, mais la grande population ne bénéficie pas encore des produits de l’invention sur le marché. C’est pour cela que nous avons crée Aginov, pour joindre nos efforts afin de relever dans les prochaines années le défi. Bientôt nous verrons sur le marché des produits nés du génie ivoirien. Le problème est que l’inventeur ayant sorti son prototype, ne peut évoluer que par deux moyens. Soit il a les moyens pour produire lui-même son invention, ou alors ce sont les industriels qui prennent le relais, pour intégrer les inventions dans les produits à industrialiser. En Côte d’Ivoire, les industriels n’ont pas cette culture. La troisième possibilité est que l’Etat donne les moyens pour la valorisation des produits. Aginov intervient dans la deuxième solution. Nous espérons que l’Etat contribuera en donnant les moyens à Aginov.
-Citez nous quelques inventions ivoiriennes
- La Côte d’Ivoire possède des inventions dans de nombreux domaines stratégiques, socio-économiques et culturels. Nous avons des inventions qui permettent de produire de l’électricité parmi les moins chers au monde, des inventions dans le numérique capables d’augmenter considérablement les chances de succès de toutes nos entreprises productrices de richesses. D’autres permettant de transformer nos matières premières en énergies de grande valeur, ou pour une meilleure conservation et transformation de nos matières premières. On peut aussi citer des inventions pour rendre l’éducation de nos enfants plus efficace. D’autres pour soigner et prévenir les maladies réputées incurables. Nous avons également des inventions qui permettent de valoriser les déchets ou pour améliorer et faciliter la vie domestique et les travaux ménagers et agricoles. La plupart des inventions sont répertoriées dans le catalogue des inventions. Nos inventions sont de bonnes qualité, d’un niveau scientifique et technologique très élevé et remportant de nombreux prix prestigieux à travers le monde. Le grand rendez-vous annuel pour voir et toucher nos nombreuses inventions c’est Abidjan Innova
- Quel pourrait être l’apport de la valorisation des produits de l’invention dans l’économie de la Côte d’Ivoire ?
- C’est la condition pour qu’un pays soit riche de manière pérenne. Aucun pays ne peut devenir riche sans avoir valorisé ses inventions et innovations. Cela fait des années que l’on a découvert le pétrole en Côte d’Ivoire. Pour la récente découverte, l’on annonce que cela va impacter de façon positive le budget du pays. Considérons qu’une invention est un puit de pétrole. Avec l’invention, on peut devenir un pays riche et le demeurer. Les Etats-Unis sont toujours respectés et écoutés grâce à leurs technologies et leurs industries. La Chine titille la première puissance mondiale grâce à sa technologie et son industrie.
- Vous avez aussi une casquette d’homme politique parce que vous avez été député suppléant de Port-Bouet lors de la précédente mandature. Vous n’avez pas plaidé pour obtenir cette valorisation ?
- J’ai fais mon job, j’ai été écouté. C’est pour cela que nous avons le soutien au niveau politique. Sans le soutien du chef de l’Etat, nous ne serions pas allés à Genève. J’ai été financé par l’Etat. Sans le soutien de la Chambre de Commerce, il aurait été difficile d’aller à Bruxelles pour négocier la réplication du salon Bruxelles INNOVA en Côte d’Ivoire. Nous avons été reçus récemment par les services du président de l’Assemblée Nationale qui s’engage à nous soutenir. Grâce à la magnanimité du président de la République nous avons le prix Alassane Ouattara du Jeune inventeur, institué par le Ministre Gouverneur du District d’Abidjan Robert Beugré Mambé, parrain du salon Abidjan Innova. Nous sommes écoutés et c’est pour cela que nous n’avons aucun doute que le ministère en charge de l’invention et de l’innovation technologique sera bientôt une réalité.
- Le 13 septembre dernier, lors de la journée Africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle vous avez lancé la 4ème édition du salon Abidjan Innova. Parlez nous dudit salon.
- Le salon va se tenir du 31 mars au 2 avril 2022 au palais de la Culture de Treichville. Ce sera mon dernier salon en tant que président de la Fedinci. Nous avons eu l’assurance de nos partenaires traditionnels et des nouveaux partenaires, que ce salon sera une belle démonstration de la vigueur de la Côte d’Ivoire en matière d’invention et d’innova. Son Excellence L’Ambassadeur d’Israël en Côte d’Ivoire a confirmé son engagement à nos côtés. Depuis la dernière édition Israël est le pays invité d’honneur. Le Premier Ministre est le patron du salon, le Ministre Gouverneur du District d’Abidjan est le parrain, le Ministre de l’Industrie est le président, le président de l’Ascad est le président d’Honneur de la Fedinci. Nous espérons recevoir la visite du chef de l’Etat en personne lors dudit salon. Plusieurs pays se sont déjà signalés pour participer, sans compter la grande mobilisation des inventeurs et innovateurs de Côte d’Ivoire. Abidjan innova 2022 sera un lieu des affaires en matière d’invention et d’innovation. Nous nous attendons à avoir un bon chiffre d’affaires, nous attendons plus d’une centaine d’exposants et 10000 visiteurs. Abidjan sera encore pendant 3 jours la capitale mondiale de l’invention.
- Le thème de cette édition est l’invention, une affaire d’Etat. Pourquoi ce thème ?
-Parce que nous pensons que ce que nous pouvions faire en tant que privé, nous l’avons fait autant que nous le pouvions. C’est la part de l’Etat qui est attendu maintenant. Non pas que nous voulons apprendre à l’Etat ce qu’il doit faire. Mais c’est juste un appel du pied, parce que nous sommes pressés. On ne peut plus avancer sans l’Etat.
-Qu’attendez vous des partenaires, des inventeurs et du public pour la réussite de cet événement ?
- Si tu es inventeur, innovateur, chercheur startpeur et que tu n’es pas présent au salon Abidjan innova, c’est qu’il te manque quelque chose. Si tu es habitant de la Côte d’Ivoire et que pendant les 3 jours tu n’es pas venu voir nos inventions, tu n’auras pas contribué à l’émergence de la Côte d’Ivoire. Si tu es un acteur, que ce soit une institution ou entreprise tous peuvent participer au succès des inventions de Côte d’Ivoire à travers des prix comme le font déjà un bon nombre d’institution et d’entreprises. Je remercie le président de la République, le Premier Ministre, le Ministre gouverneur du District d’Abidjan, le Ministre du Commerce et de l’Industrie, le président de l’Ascad, l’office Ivoiren de la propriété intellectuelle, le ministère de la recherche Scientifique, toutes les entreprises privées dont la Cie, la sodeci, et tous ceux qui contribuent au succès d’Abidjan Innova. Je n’oublie pas le Pasres, le fontci, la Chambre du Commerce et d’Industrie, le fciad, le CEPICI, la CGCI , le Vitib et les universités.
-M. le président vous êtes à votre dernier mandat comme président de la Fedinci, quels sont vos perspectives ?
- Après avoir participé à organiser les inventeurs et donner à la Côte d’Ivoire l’image d’un pays d’invention, il faut maintenant mettre sur le marché nos produits d’invention. Je suis très heureux pour AGINOV, dont la mission est de valoriser nos inventions. Je pourrais me consacrer à la tâche que mes camarades voudront bien me confier au sein d’AGINOV. Pour rappel, Aginov est un projet pour valoriser toutes les inventions de Côte d’Ivoire. Soit 600 inventions, pour un total de 8 milliards investis sur 3 ans, afin de faire un chiffre d’affaires de 15 milliards par an, avec 4500 emplois permanents.
Calvin Wandji