La mission conjointe de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Afrique (UA) et l’Organisation des Nations Unies (Onu) a eu une séance de travail avec le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, et sa délégation, ce mardi 6 octobre, à son siège sis à Cocody, pour échanger sur les conditions d’organisation d’élections transparentes, crédibles et inclusives.
Au terme de celle-ci, le président du Fpi s’est prononcé sur le contenu des échanges qu’il a eus avec la mission :
« Nous avons fait partager à la mission de la Cedeao, de l’Union africaine (Ua) et les Nations-Unies, nos préoccupations par rapport à la tenue de l’élection présidentielle actuelle, alors qu’aucune condition n’est réunie pour le faire. Nous avons salué leur présence, parce que la communauté a pris conscience des risques que comporte ce scrutin. En conséquence nous avons réitéré nos propositions. D’abord, pour que la Commission électorale indépendante (Cei) soit reformée, que le Conseil constitutionnel aussi ait à sa tête une autorité qui inspire confiance, qui peut nous rassurer quant à la proclamation effective des résultats issues des urnes, et que tout soit mis en œuvre pour que, aussi bien au niveau local qu’au niveau central, l’opposition soit dignement représentée et que ces élections à venir se tiennent dans la paix et la stabilité.
En conséquence, étant donné le temps qui nous reste, il faut nécessairement reporter les élections pour que nous engagions un dialogue national sur toutes ces questions et que nous trouvions les compromis nécessaires pour que nos compatriotes qui doivent aller voter, y aillent dans la sérénité, dans la paix, dans la stabilité et soient convaincus, soient assurés que ce sera le vrai vainqueur de l’élection qui sera élu président de la république à la date qui aurait été convenue.
Nous devons aller aux élections. Donc, il faut que les propositions soient prises en compte. C’est cela notre combat. Nous n’avons pas une autre hypothèse. Pour nous, il faut que les élections à venir se tiennent avec tous les candidats, avec toutes les parties prenantes. Parce que c’est cela qui est dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas de faire des élections tronquées qui vont déboucher sur des violences, qui vont déboucher sur l’élection de quelqu’un qui n’est pas légitime, qui n’est pas le choix de la grande majorité des Ivoiriens. Donc pour la paix, pour la stabilité du pays, pour que nous pussions rompre avec ces trente ans de violence politique, il faut que cette année, nous nous donnions le temps et les moyens d’élections véritablement transparentes et apaisées.
Nous avons salué la présence de la mission. Je pense que l’implication de la Cedeao et de l’Ua signifie que la communauté africaine, et au-delà la communauté internationale, a pris conscience des menaces qui pèsent sur la Côte d’Ivoire, des risques d’affrontements qui peuvent être le résultat d’élections mal organisées. Nous sommes persuadés que les autorités qui aujourd’hui constituent l’obstacle à la tenue de bonnes élections comprendrons ce message, ces risques, et prendront les dispositions pour qu’on se retrouve, pour qu’on discute et qu’on garantisse des élections apaisées, qu’aucune partie n’ait envie de manipuler les Institutions chargées des élections, que chaque acteur aille à cette compétition, pas en comptant sur la Cei ou le conseil constitutionnel pour être élu, mais, en comptant sur son projet politique et son message en direction des électeurs. Et donc sur la confiance que les Ivoiriens peuvent lui accorder.
Dans l’hypothèse où nous nous concentrons sur les élections, trois mois (pour le report, Ndlr). Dans l’autre hypothèse où nous voulons reconstruire totalement, et c’est ce que nous avons dit à la mission, que notre préférence aurait été qu’aujourd’hui nous ouvrions une transition de douze mois au moins, pour mettre tout à plat. Parce que, depuis ces trente ans, nous vivons des situations de violence. Le pays a besoin de refondation. Donc nous pouvons le faire, mais cela est un projet politique. Si nous ne voulons pas de cette transition, alors, il faut qu’on garantisse des élections véritablement transparentes. Et dans ce cas, il faut qu’on se donne trois mois. »