Bonjour M. Ouattara Alhassan.
L’on a assisté récemment à la montée des vagues aux abords des plages de Grand-Bassam. Est-ce que vous pouvez nous faire l’état des lieux ?
Le mardi 08 Août 2023, on s’est réveillé avec la montée des vagues de la mer à une hauteur qui atteignait 3,5 m. Tout était parti dans l’eau. Ce n’était pas facile. Ça nous a vraiment peinés. Mon collègue a perdu tout son hôtel en construction. A mon niveau, j’ai perdu toutes mes paillotes. J’ai des constructions au bord de la mer qui sont parties. J’avais une clôture en béton de plus de 20 m de long qui a été emportée par les vagues. Du coup, cela fait qu’aujourd’hui, on n’a plus de plage.
Y a-t-il eu des autorités qui se sont rendues sur les lieux pour constater ces dégâts causés ?
La mairie et la préfecture de Grand-Bassam se sont rendues sur les lieux. Il y a eu également une délégation du Ministère du Tourisme qui est passée. Elles ont visité les lieux pour pouvoir faire des rapports à la hiérarchie.
Après la recrudescence de la marée au bord des plages, les autorités municipales de Grand-Bassam ont, dans un Arrêté, pris des mesures visant à interdire l’accès aux plages. Quelles sont les conséquences immédiates de ces mesures et de ce phénomène inhabituel sur le plan économique et social?
L’ Arrêté municipal est tout à fait logique. Parce qu’avec une telle catastrophe naturelle, il était vraiment risqué de permettre la fréquentation des plages par les populations. Cependant, cela a impacté sur notre économie. Certains hôtels sont fermés parce qu’il n’y a plus de plage. Ceux qui ne sont pas fermés ne pourront pas travailler assez parce qu’il n’y a pas de possibilités. Du coup, on est face au chômage technique. On ne réalise plus de Chiffre d’affaires. Il y a certains opérateurs économiques qui ne travaillent même pas du tout.
A mon niveau, par exemple, je réalisais 2 à 3 millions de Chiffre d’affaires par semaine. Mais aujourd’hui, on n’a plus de fréquentation des plages, de chambres.
Nous sommes sinistrés, nous les opérateurs économiques.
Pourquoi qualifiez-vous cette montée de vagues aux bords des plages de « catastrophe naturelle » alors que cela n’a pas été décrété par le Gouvernement ?
J’appelle cela « catastrophe naturelle » car, c’est un phénomène de la nature. Aujourd’hui, les Côtes de Grand-Bassam sont inondées. La mer a pris le pas sur toutes nos activités. On n’avait jamais vu cela. Cela fait plus de 20 ans que je suis à Grand-Bassam, c’est la première fois que je vois cela. Donc, c’est une catastrophe naturelle. Je pense que l’Etat doit s’appuyer là-dessus pour pouvoir trouver des fonds au plan international afin de résoudre ce problème. On souhaiterait vraiment que l’Etat décrète ce phénomène de catastrophe naturelle pour pouvoir bénéficier de certains fonds à l’extérieur. Si ce n’est pas le cas, ce sera difficile.
Quelles solutions idoines pouvez-vous proposer et que demandez-vous à l’État de Côte d’Ivoire ?
Que l’Etat nous guide, accompagne parce que ce genre de phénomène, lorsque ça arrive à ton hôtel, tu dois des factures et des impôts. Du coup, tu ne peux plus faire face aux charges. L’ État doit pouvoir nous accompagner en nous aidant à trouver des fonds nécessaires. L’Etat doit pouvoir permettre à ce que ce genre de phénomène ne puisse plus se reproduire. Il doit essayer de voir comment on peut construire des digues.
Puis demander aussi aux institutions internationales de nous accompagner à travers des fonds. Ce, pour pouvoir construire de vraies digues. Je demande un plan Marshall sur Grand-Bassam parce que Grand-Bassam est l’histoire de la Côte d’Ivoire, le patrimoine mondial de l’UNESCO.
Propos recueillis par Sunday Alain