Le communiqué de la réunion ordinaire du Comité de Politique Monétaire de la BCEAO tenue le 2 décembre 2020
Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu, le mercredi 2 décembre 2020, sa quatrième réunion ordinaire au titre de l’année 2020, par visioconférence, sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque Centrale, son Président statutaire.
Le Comité a passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme d’inflation et de croissance économique de l’Union.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité a noté que l’activité économique mondiale s’est inscrite dans une phase de reprise progressive au troisième trimestre, en liaison avec la levée des mesures de confinement et la mise en œuvre de politiques budgétaire et monétaire expansionnistes en riposte à la crise économique et sanitaire. De fortes incertitudes pèsent cependant sur les perspectives, en raison de la résurgence, sur la période récente, des infections au coronavirus dans de nombreux pays conduisant au rétablissement de mesures de restriction de mobilité. Selon le Fonds Monétaire International, l’activité économique mondiale connaîtrait en 2020 une récession sévère, avec une baisse de la production mondiale de 4,4%, après une hausse de 2,9% en 2019.
Sur les marchés internationaux, les cours des matières premières se sont redressés durant le trimestre sous revue, en lien avec l’amélioration progressive de l’activité économique observée durant la période. Selon les données de la Banque mondiale, les prix de l’énergie ont connu durant le troisième trimestre 2020 un redressement de 33,9% après la forte chute observée au trimestre précédent. Les cours des produits de base non énergétiques ont également connu un rebond, avec un accroissement de 7,4% sur le troisième trimestre 2020, après les baisses de 0,9% et de 4,7% respectivement aux premier et deuxième trimestres 2020. Cette orientation favorable reflète les augmentations de 5,7% des cours des matières premières agricoles, de 16,5% de ceux des métaux précieux et de 19,5% pour les autres métaux et minéraux.
Examinant la conjoncture interne, le Comité a relevé que l’activité économique dans l’UEMOA a légèrement progressé au troisième trimestre 2020, en rapport avec la levée des restrictions de mobilité et les effets des politiques publiques de soutien mises en place. Le PIB de l’Union a progressé de 0,6% par rapport à la même période de l’année 2019, après une baisse de 2,0% un trimestre plus tôt. Pour l’ensemble de l’année 2020, les dernières prévisions situent le taux de croissance du PIB de l’Union à 0,9% contre 5,6% en 2019.
L’exécution des budgets nationaux sur les neuf premiers mois de l’année 2020 fait ressortir une aggravation des déficits par rapport à la même période de l’année précédente, induite par les effets de la pandémie sur les recettes ainsi que par les mesures de riposte et de relance prises par les Etats. En effet, le déficit budgétaire, base engagements, dons compris, s’est chiffré à 3.742,1 milliards ou 5,5% du PIB à fin septembre 2020 contre 1.576,3 milliards ou 2,4% du PIB un an plus tôt.
Au plan monétaire, la masse monétaire s’est consolidée par rapport au même trimestre de l’année précédente, avec une progression de 15,5% contre 13,2%. Cette accélération a été imprimée par les accroissements des actifs extérieurs nets (+19,3%) et par les créances intérieures (+11,8%). Les réserves de change de l’Union se sont établies à un niveau confortable, assurant la couverture de 5,6 mois d’importations de biens et services. Il correspond à un taux de couverture de l’émission monétaire de 74,7% contre 75,3% un trimestre plus tôt.
Sur le marché monétaire, les conditions de financement ont poursuivi leur détente, en ligne avec les opérations d’injection de liquidité à taux fixe depuis fin mars 2020 et les effets de la décision de baisse des taux directeurs, le 24 juin 2020. Ainsi, le taux moyen pondéré des opérations hebdomadaires d’injection de liquidités s’est établi à 2,00% au troisième trimestre 2020 contre 2,46% au trimestre précédent et 3,15% un an plus tôt.
Abordant la situation de l’inflation dans l’Union, le Comité a relevé que le niveau général des prix à la consommation s’est établi à 2,9% en moyenne au troisième trimestre, après une hausse de 1,7% le trimestre précédent. L’accélération du rythme de progression du niveau général des prix est imprimée essentiellement par le renchérissement des céréales locales, des produits de la pêche, des légumes frais ainsi que des tubercules et plantains. Cette évolution s’explique par les perturbations des circuits de distribution dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, et de la baisse de la production céréalière de la campagne agricole 2019/2020. Le taux d’inflation sous-jacente est ressorti en hausse à 1,6%, après une progression de 1,2% un trimestre plus tôt. Pour l’ensemble de l’année 2020, le taux d’inflation est projeté à 2,2% après -0,7% en 2019. A l’horizon de huit trimestres, soit à fin septembre 2022, les prévisions situent le taux d’inflation dans la zone de confort (entre 1,0% et 3,0%) définie pour la mise en œuvre de la politique monétaire de l’Union.
Sur la base de ces analyses, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%, niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union demeure inchangé à 3,0%.
Fait à Dakar, le 2 décembre 2020
Le Président du Comité de Politique Monétaire
Tiémoko Meyliet KONE